Illustration du développement de la nouvelle application des TCC

II. Expérimentation de la nouvelle application des TCC

Notre concept de départ est de faire tourner les questions stratégiques autour de la pensée négative et de créer ainsi une énergie mentale pour rendre les questions plus efficaces.

Nous pouvons en déduire que le mouvement et l’énergie augmentent la transmission des données entre les questions et la pensée.

Ainsi, nous avons à notre disposition un microcosme d’informations en mouvement qui peut être favorable aux transmissions des principes et techniques de TCC.

Nous avons alors plongé dans le microcosme des informations mobiles, pour tenter d’y intégrer les TCC et de mettre au jour des fonctionnements favorables à la psychothérapie. Pour cela, nous avons amené un sujet expérimenté en thérapie cognitivo-comportementale, à utiliser des principes de TCC dans sa vie, en l’exposant à des situations qui faisaient écho à son histoire et ses cognitions, pour réactiver les résonances affectives, cognitives et sensorielles. Le but était de faire mener à bien une psychothérapie chez ce sujet, et d’éprouver ce qu’il se passait en situation au niveau des mouvements mentaux pour en faire découler un savoir de terrain bénéfique à la nouvelle pratique des TCC.

Tout ce travail se constituait de véritables mises à l’épreuve qui ont été réalisées in vivo pendant plus de 2 ans. 

  • L’expérience avancée du sujet en TCC lui permettait d’engager seul un dialogue socratique avec lui-même : exploration de concepts et développement d’hypothèses en fonction des problèmes qu’il a repérés
  • Rapprochements latéraux et verticaux qui permettent de cibler ce qui génère et maintient les problèmes
  • Cognitions principales mises au jour
  • Compréhension du problème et des solutions en accord avec les principes des TCC
  • Méthodes de changement comportemental à un niveau suffisamment avancé de la thérapie
  • Utilisation des émotions négatives et positives pour provoquer un changement thérapeutique.

Exemple :

Mise en relief de cognitions démontrées comme cohérentes, valables parfois valides mais en désaccord avec celles du sujet. Le sujet entre en contradiction avec ses pensées et ses comportements : dissonance cognitive. Le sujet est en colère, il se justifie et ne change pas ou peu. Mais en même temps, il se rend compte qu’il n’obtiendra pas d’avantage s’il continue dans ce sens, et que les conséquences seront même négatives pour lui. Il devient lentement plus réceptif et tente de se réajuster peu à peu au niveau cognitif et comportemental.

Le travail est pénible, voire très pénible, et irrégulier.

  • Débats animés parfois personnalisés sur des forums avec des contradicteurs parfois très désagréables, dialogues, désaccords et conflits
  • Informations dans les médias concernant indirectement le fonctionnement des caractéristiques principales de la vie cognitive du patient et des composés de son histoire
  • Émission de divertissement parfois personnalisée traitant de problèmes de facture plus ou moins identique
  • Situations professionnelles souvent injustes et arbitraires en apparence
  • Protagonistes connaisseurs des enjeux avec interactions directes ou indirectes avec le patient
  • Thérapie autre que les TCC en cabinet ou en visioconférence
  • Stimuli pour conditionner une action ou une réaction
  • Système de récompenses pour motiver le patient à modifier pensées et comportements malgré les difficultés
  • Système de sanctions pour mettre en place des conséquences négatives en cas de comportement inapproprié
  • etc.

Voici nos observations et notre conceptualisation en cours :

1. Thérapie en immersion : terreau des mouvements et de l'énergie mentale

Insérer la thérapie dans la vie quotidienne du sujet a eu des conséquences favorables sur l’application des TCC et le développement de l’innovation car cela animait le travail de dispositions bénéfiques pour créer du mouvement.

Immersion : agir dans la réalité et amorce de mouvements

Dans la thérapie en immersion, le sujet ressent et se voit mieux penser et agir dans la réalité, en y observant ses expériences, et c’est là que l’immersion devient intéressante pour notre essai de la nouvelle application des TCC, puisqu’agir dans la réalité, c’est être mobile, faire circuler et déplacer des objets et des concepts mentaux, ce qui est propice aux mouvements et à la création de l’énergie. Ainsi, lorsque le sujet utilise les principes de TCC, on observe que les données bougent, même s’il n’y a pas encore de phénomène de rotation autour de la pensée au début de la thérapie. Ce contexte permet de décoller les données d’une sorte de paroi alvéolaire mouvante où les informations nouvelles s’ajoutent. Et pour ce qui s’applique à notre expérimentation, les données des TCC se mettent en apesanteur, et la pensée négative devient plus accessible et modifiable. 

Mouvements des données avec la nouvelle application des TCC
Mouvements et données en apesanteur
au début d'une thérapie en immersion

C’est donc dans cet esprit d’actions et de mouvements, que vont s’imbiber naturellement et plus efficacement dans la vie du sujet, les principes et les techniques de TCC. 

Immersion : principes des TCC dans la réalité et amorce de mouvements

L’immersion donne aussi une valeur plus intrinsèque aux principes thérapeutiques car ils constituent certains éléments du quotidien. Cela permet au sujet d’assimiler les principes lui-même avec moins d’esprit calculateur qu’en cabinet, et cet accès plus souple et naturel à la connaissance des TCC lève des barrières aux mouvements. Par exemple, lors de notre expérimentation, une personne anonyme intervient dans le quotidien du sujet, en utilisant un article de presse, et le décentre sans faire référence aux TCC :

« C’est la liberté de penser qui permet de décider pour soi dans une démocratie […] Et pour cela, il faut instaurer le débat public. Pour autant être libre de s’exprimer n’autorise pas à modeler le réel pour le faire correspondre à nos obsessions personnelles […] ». 

Le sujet intègre ici les principes en vivant son quotidien. Il les considère dans un mouvement par rapport à la réalité, ce qui active des mouvements dans la vie courante : « je suis tombé sur cette info dans un journal ! » dit-il. 

2. Créer les mouvements pour fabriquer l’énergie mentale

Maintenant, la question est de savoir comment se développent les mouvements. Nous avons repéré trois agents qui interviennent dans la production de ce phénomène : l’utilisation des techniques de TCC, les activités dans la vie quotidienne et les émotions, les sensations et les affects.

Utiliser les questions stratégiques des TCC pour créer des mouvements mentaux

Quand le sujet utilise les questions stratégiques des TCC, il voit les choses à travers un autre prisme, car il déplace ou remet à sa place certaines idées dans son esprit, et cela se prête à la création de mouvements mentaux et de l’énergie. Prenons l’exemple de la différenciation pensées/réalité avec la catégorisation. Le tableau des 3 colonnes de Beck amène le sujet à faire la différence entre ce qui se passe/ ce qu’il ressent/ ce qu’il pense. Cela implique d’extraire la pensée de l’émotion et de la situation pour les séparer et leur donner leur place. Ce sont là des mouvements. On peut aussi prendre l’exemple du décentrage. L’action de décentrer implique de déplacer mentalement le centre du point de vue, et cela fait bouger des habitudes cognitives en nous. D’ailleurs, à mesure que le temps passe, un changement thérapeutique se fait peu à peu, et cela crée un mouvement mental supplémentaire parce que le sujet a de nouvelles envies, il prend de nouvelles habitudes cognitives et certaines de ses activités quotidiennes changent. Cela génère de nouveaux flux.

Utiliser la vie quotidienne pour ajouter des mouvements et de l'énergie supplémentaire

Des mouvements mentaux se créent avec les actions et le ressenti du flux de la vie quotidienne. Nous parlons ici de fluctuations (rencontre/séparation, échec/réussite, etc.), du déplacement ou de la circulation des objets de vie, des émetteurs, des situations, des gens et du sujet dans l’espace et le temps. Il s’agit en d’autre terme de tout ce qui implique un changement.

Mobilité dans l’espace : marcher , courir, changer de lieu, aller au travail, …
Mobilité dans le temps : le matin puis le lendemain au soir, le jeudi midi, le week-end entier, …
Vivre des situations : recevoir une bonne ou une mauvaise nouvelle, faire les courses, casser la routine, faire du sport, …
Relations et communication : rencontrer des voisins, vivre un conflit, vivre des moments agréables, passer un après-midi avec un ami, aider ses enfants à faire leurs devoirs,…

Mobilité et multiplication des émetteurs dans l’espace : sur internet, à la télévision, par mail, dans la rue, …
Mobilité et multiplication des émetteurs dans le temps :  le week-end, le mardi, le soir, le matin, …

La quantité oblige à changer de support et de « poste » et influe donc sur le mouvement. 

Situations thérapeutiques : jeux de paraboles, jeux de vérités et de mensonges, mise en place d’une réalité factice, faire vivre des sensations physiques angoissantes ou agréables …

Relations et communication : être en relation en face à face ou via des médias, vivre des désaccords et de la dissonance cognitive, vivre des moments de partage, être confronté à des manifestations renvoyant à de la distance, de l’agressivité, de la tension, de l’hostilité, ou au contraire de l’affinité, de l’amitié, de la bonne entente, …

Ces mouvements se font pendant la période de la psychothérapie, et complètent ceux induits par les techniques. Ils s’ajoutent les uns aux autres, se combinent, s’intensifient et renforcent la fabrication et la transmission des données sur la pensée négative. Ce sont parfois des mouvements relatifs. Par exemple, le sujet bouge par rapport aux émetteurs et les émetteurs projettent des situations thérapeutiques par rapport au niveau du sujet dans sa thérapie.

Il n’empêche qu’il peut y avoir des moments sans grands effets particuliers, si la personne n’a par exemple pas envie de travailler, est dans un état émotionnel peu propice, vit un évènement paralysant, etc.

Peut-on augmenter le mouvement avec les sensations, les émotions, les affects ?

Les sensations, les émotions, l’état affectif du sujet semblent générer des mouvements qui peuvent être utilisés par les émetteurs de thérapie pour réorienter une mauvaise direction ou renforcer certains travaux. À noter que des sensations se sont produites au moment où le sujet se posait des questions stratégiques. Était-ce une sensation induite par le mouvement engendré lui-même par la question ? Est-ce réexploitable en retour ? …. 

Il est essentiel de ne pas utiliser les sensations ou émotions pour y mettre un sens.  Cela demande donc une distanciation.

3. Premiers impacts des mouvements sur les techniques de TCC

Création de courants : gravitation des données

Quand le sujet met au jour une pensée négative et qu’il répond à la question « qu’est-ce que cela signifie pour moi ? », il sent qu’il remonte une information. C’est un mouvement qui met la pensée comme en apesanteur. Elle devient accessible et modelable. Il utilise ensuite le test de l’évidence avec des questions comme : « quelle est la preuve de ma pensée ? » ou « quelles sont les probabilités de cette pensée ? ». Les mouvements mentaux créés avec ces questions et réponses associées, en plus des activités du quotidien, génèrent des courants. Les données vont être entrainées par ces courants, et vont ainsi commencer à graviter autour de la pensée.

Illustration des courants et de la gravitation des données dans la nouvelle application des TCC
Courants et rotation des questions de TCC

Amoncellement de courants et d’énergie : Fusion des énergies entre elles

À mesure que les questions augmentent et que les données s’accumulent et tournent autour de la pensée négative, une énergie mentale se crée. Puis l’énergie va s’accumuler et former des espèces de petites galeries, chacune spécialiste d’une technique de TCC.  Ce sont les lieux de mouvements des questions, et d’énergies induites, que l’on peut représenter ici sous forme de cylindres :

Illustration de la formation de galeries d'énergies dans la nouvelle application des TCC
Fusion des énergies et formation de galeries

Ensuite, à force d’utiliser les techniques, les galeries s’accroissent, les énergies se renforcent et font fusionner toutes les galeries jusqu’alors dispersées, pour n’en former qu’une seule qui est alors plus grande. Chaque technique de TCC y est alors représentée. Elles sont catégorisées à l’intérieur, et leur énergie s’unit en un couloir. Les données et énergies sont alors concentrées dans un seul tube, et l’énergie psychogique devient plus forte :

Illustration de la formation d'un couloir d'énergies dans la nouvelle application
Fusion des galeries et formation d'un couloir

Les énergies de chaque technique se combinent ainsi entre elles (celles résultantes des Pour/Contre, des avantages/désavantages, de la pensée alternative, …).  Et pour que ces énergies se mettent au service des TCC, les questions vont dans la direction déterminée par les actions des émetteurs thérapeutiques : la modification des pensées et schémas.

Immersion au milieu des émetteurs : formation d'une « sphère et d'un circuit » pour atteindre l’objectif thérapeutique

Les supports et les situations thérapeutiques répartis de part et d’autre dans la vie quotidienne du sujet, lui donnent la sensation d’être englobé et cerné dans la réalité, ce qui le cantonne beaucoup à sa thérapie. Pour mieux comprendre, on peut représenter ce que vit le sujet comme une réalité en forme de sphère à l’intérieur de laquelle il est « pris » dans un courant d’affluence et d’influences des principes de TCC. Les situations et les principes rigoureux exprimés par les émetteurs que l’on peut dessiner sous la forme de satellites qui gravitent autour de la vie du sujet, et le questionnement socratique qui s’en suit par le sujet lui-même, affluent et se dédient à l’assemblage des données des TCC en faisceaux thérapeutiques cohérents. Cette sphère et les émetteurs constituent ainsi le socle de l’organisation des mouvements, parce que l’afflux et l’influence amènent le sujet à se doter d’une structure de circulation, qui placent les principes et les techniques de TCC dans un circuit thérapeutique spécialisé, qui oriente et fait fonctionner le système de façon méthodique pour atteindre l’objectif thérapeutique.

Organisation des données des TCC et objectif thérapeutique

En distribuant les données des TCC dans un microcosme où le travail thérapeutique est suffisamment intense, on peut allier les mouvements et la création d’énergie mentale à la psychothérapie car on parvient à orienter et à spécialiser l’énergie et les mouvements mentaux pour les mettre au service de la modification des pensées négatives, coping et schémas.

4. Convergence des forces de la psychothérapie et transmission maximale des données

Intensification des mouvements : attraction des données vers l'objectif thérapeutique

La multiplication des situations, des pensées, des émotions, des contradictions, des conflits, des techniques, des questions, des progrès, etc. dans la vie du sujet combinée à l’immersion, aux mouvements qui se répètent et à l’intensification progressive des transmissions de données (qui génèrent elles-même un mouvement), renforce encore l’énergie mentale qui fait converger de plus en plus fortement et précisément tous ces composés vers une modification cohérente et naturelle des pensées, coping et schémas. Il y a comme une attraction plus précise et forte vers l’objectif de la thérapie et une gravitation.  

Tunnel aspirant : point culminant de la transmission des données des TCC

Le mouvement et la convergence se développent de plus en plus : au bout d’un certains temps, il se forme une sorte de tunnel aspirant dans lequel s’engouffrent les énergies mentales des questions-réponses du sujet. C’est le point culminant de l’intensité de transmission : maintenant, tous les composants du travail thérapeutique s’unissent par fusion, et cela augmente la force des mouvements et de l’énergie mentale, et donc de la transmission des données. L’état de fusion englobe la pensée négative et la cible jusqu’à l’atteindre. La pensée se modifie.

Publié le 23 décembre 2022,

Catherine BACHELET
Directrice et fondatrice d’Ipsyturn Strategia

Photo de Catherine Bachelet